AM Art Films
2024

Portraits de Jeannine

Jeannine Guillou

Artiste-peintre, Jeannine Guillou fut la première compagne de Nicolas de Staël rencontré à Marrakech en 1937. « Portraits de Jeannine » révèle la vie et l’œuvre d’une femme libre et ardente.

A propos

Synopsis

Artiste-peintre, Jeannine Guillou fut la première compagne de Nicolas de Staël rencontré à Marrakech en 1937. « Portraits de Jeannine » révèle la vie et l’œuvre d’une femme libre et ardente.

A travers les écrits de Jeannine et le récit de sa fille Anne de Staël, ce film met en lumière une artiste oubliée, il rend hommage à une œuvre injustement méconnue qui reste à découvrir.

L'artiste

Jeannine Guillou est une peintre née en 1909 à Concarneau, Finistère. Issue d’une famille de la grande bourgeoisie, cousine de l'artiste Jean Deyrolle, elle se met à la peinture, à 15 ans.

En 1929, à 20 ans, elle suit les cours de l’école des Arts décoratifs de Nice et épouse un de ses professeurs le peintre polonais Olek Teslar, avec lequel elle a un fils en 1931, Antoine Tudal, dit Antek. Elle prend la nationalité polonaise.

De 1930 à 1937, ils voyagent entre la Pologne, les Carpates, Nice, le Maroc et Concarneau. En 1935, elle expose ses toiles à Fès aux côtés de son cousin, le peintre Jean Deyrolle, qui rencontrent vif succès. Son talent est alors qualifié de « viril et nerveux ».

En 1937, en voyage au Maroc avec son mari et son fils, Jeannine Guillou rencontre Nicolas de Staël à Marrakech : ils ne se quitteront plus. Après un passage en Italie, ils rentrent à Paris en 1939. Ils s’installent à Nice en 1940 (zone libre). A Nice, ils se lient d’amitié avec Alberto et Suzi Magnelli, Marie Raymond et Fred Klein (parents d’Yves Klein), Sonia Delaunay, Jean Arp, Le Corbusier, le grand libraire Jacques Matarasso. En 1942 naissance de leur fille, Anne de Staël.

Depuis leur rencontre Jeannine et Nicolas peignent en osmose mais c’est la vente des tableaux de Jeannine qui fait vivre la famille qui connaît malgré tout « la vie dure ». Anne de Staël raconte : « Elle laissait toutes les couleurs à Nicolas pour qu’il puisse peindre, elle trouvait ça plus important (…). « Elle est allée vers l’homme qu’elle a le plus aimé au monde (…) », telle une Pygmalion « elle l’a magnifiquement aidé à naître à lui-même ».

En 1943, ils quittent Nice pour Paris, pensant que la vie y serait plus facile. Ils sont hébergés par la galeriste Jeanne Bucher dans l’atelier de Vieira da Silva puis dans l’hôtel particulier du grand architecte français Pierre Chareau, 54 rue Nollet. Ils y rencontrent Braque, Picasso, Domela et le poète Pierre Reverdy. Braque, Magnelli, appréciaient la peinture de Jeannine, et Nicolas dira lui-même à un couple de collectionneurs « Prenez une peinture de Jeannine, elle sera beaucoup plus aboutie. »

Jeannine meurt à 36 ans, le 27 février 1946, des suites d’un avortement thérapeutique.
Elle est enterrée au cimetière de Montrouge, Hauts de Seine. A sa mort en 1955, Nicolas sera enterré à ses côtés.

En 2011, Le musée Picasso d’Antibes, sous le commissariat de Jean-Louis Andral et Daniel Abadie, lui consacre une exposition : "La vie dure. La rencontre Nicolas de Staël - Jeannine Guillou".

Sources
- Catalogue de l’exposition "La vie dure. La rencontre Nicolas de Staël-Jeannine Guillou", Musée Picasso, Antibes, Silvana Editoriale.
- Interview Anne de Staël, Portraits de Jeannine, de Catherine Aventurier, 2024.


Note d'intention de la réalisatrice

Le nom de Jeannine Guillou ne nous évoque plus rien aujourd’hui. Cette femme peintre, née à Concarneau en 1909, compagne lumineuse de Nicolas de Staël est tombée dans l’oubli.

De Jeannine et Nicolas, il reste un enfant : Anne de Staël, dont la rencontre a été un enchantement. De Jeannine il reste quelques toiles, glanées dans la maison d’Anne ou dans les réserves de quelques musées.

Et pourtant Jeannine Guillou était une véritable artiste, une personnalité libre et solaire, qui a envouté le jeune Nicolas de Staël et l’a aidé à trouver sa voie dans la peinture.

Partir sur les traces de cette artiste, aller chercher auprès d’Anne des images de sa mère dansant une nuit sur une place marocaine, se promener à Concarneau et revisiter sa maison d’enfance, dernier étage face à la mer, voilà où m’a emmenée ce film.

Un film comme une enquête, incarnée par ma sœur Marianne, la danseuse. Elle y joue à la fois Jeannine, à la fois mon double, puisque pour citer Francis Bacon « Quand on fait un portrait, ne se peint-on pas soi-même ? 
»
Catherine Aventurier

Genèse du projet

Le projet de ce film est né en septembre 2020, dans le hall de la salle des concerts du Mans lors du MIFAC, festival du film sur les artistes contemporains. Nous étions venus en grande équipe pour soutenir nos films sélectionnés.

Alors que nous sortions de projection, Catherine Aventurier, réalisatrice d’un de nos Tandem et des documentaires de la collection Duos d’artistes sur France 5, lance à notre petit groupe : « Je cherche des idées pour de nouveaux Duos ». Du tac au tac, Amaury Mulliez lui répond : « Pourquoi pas Nicolas de Staël et sa première femme, Jeannine Guillou ? ».

Passionné par de Staël, Amaury avait eu connaissance de cette extraordinaire histoire de peinture et d’amour grâce à un de ses mentors, Antoine Tudal dit Antek, son professeur de scénario, réalisateur et photographe : Jeannine Guillou était sa mère, Nicolas de Staël son beau-père. 
Amaury connaissait bien Anne de Staël, fille des peintres et Viviane Montagnon, veuve de Tudal. Nous avions donc un accès direct à la source ! 
Le projet de Duo capota mais il nous était désormais impossible d’abandonner Jeannine à son triste sort d’oubliée de l’histoire de l’art.

Toute l’équipe d’AM Art Films s’est enthousiasmée pour ce projet « hors les murs ». Catherine Aventurier, Tamsin Genillier et moi-même nous sommes plongées dans les recherches scientifiques. Anne de Staël, fille de Jeannine et demi-sœur d’Antoine, dont nous saluons ici avec respect et chaleur, l’engagement et la générosité pour ce film, nous a reçues plusieurs fois et nous a confié des documents (carnets, photos, dessins originaux) de Jeannine. 
Sans elle, Portraits de Jeannine n’aurait pu voir le jour. 
Nous gardons des souvenirs inoubliables de ces rencontres intenses. 

Incarnée par la danseuse Marianne Aventurier, sœur de la réalisatrice, le fil rouge de l’évocation de Jeannine est le châle jaune du tableau de Nicolas de Staël, Portraits de Jeannine (1941-1942). 

Que ce Portraits de Jeannine offre sa découverte au plus grand nombre !
Delphine Perru, Conseillère artistique AM Art


Fiche technique

Réalisation
Catherine Aventurier
Images
Richard Cloué
Eric Genillier
Montage
Catherine Aventurier
Emmanuel Baert
Gaëtan Chabanol
Musique originale
Dimitri Leroy
Durée
13:41
AM Art Films
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